Revivez le congrès de la CAPEB 2025 : L’entreprise artisanale du bâtiment : le modèle de demain
Trois tables rondes de réflexion, avec des données exclusives sur nos TPE du bâtiment, pour illustrer leur rôle économique, sociétal et environnemental dans notre territoire.
L’objectif de cette journée était d’identifier ensemble avec des experts, analystes et nos artisans, les leviers à actionner pour donner au modèle de l’entreprise artisanale du bâtiment sa juste place au sein des politiques publiques.
La journée a démarré avec un échange avec Jérôme Fourquet, Directeur du département Opinion à l’Ifop : « Nous voyons des évolutions sociales majeures de la part des Français qui impactent le logement : - Le vieillissement de la population - Volonté d’indépendance : Les seniors veulent massivement vieillir chez eux, les + jeunes et les seniors veulent être propriétaires, le télétravail fait évoluer les habitudes des Français - Explosion des familles monoparentales (1 sur 4) et phénomène de décohabitation - Volonté du bien-vivre et vivre sur tous le territoire : 33% veulent vivre en ville moyenne/petite ville, 25%dans des villages et pour les métropoles 13%. »
Jérôme Fourquet observe une forte aspiration des jeunes générations à l’indépendance, au concret, à l’entrepreneuriat. Des valeurs qui résonnent pleinement avec nos métiers.
Table ronde n°1 - La TPE du bâtiment, un modèle d’entreprise à part entière
Pour la 1ère table ronde, Nicolas Portier, auteur de l’étude Terram, rappelle combien le modèle de la TPE artisanale échappe aux grandes classifications statistiques. Trop souvent assimilées aux professions libérales ou aux micro-entreprises, les TPE du bâtiment forment pourtant un secteur à part entière, résistant aux logiques de concentration économique et pesant lourd en matière d’emploi local.
Sylvain Moreau (INSEE) et Thomas Allen (Banque de France)soulignent quant à eux la richesse des données disponibles via les déclarations fiscales et sociales. Mais ces données, aussi complètes soient-elles, n’explorent que rarement les spécificités des TPE, faute de demande ou d’analyse ciblée.
David Moralès, pour la CAPEB, insiste sur cette singularité : avec en moyenne quatre salariés, ces entreprises recrutent, forment, investissent et portent la transition énergétique sur le terrain. Pourtant, elles restent soumises à des réglementations pensées pour de grandes structures, comme le déplore Christophe Bellanger.
En conclusion, l’INSEE se dit prête à affiner ses analyses aux besoins de ces entreprises.
Table ronde n°2 - Un modèle d’entreprise dont les atouts sont largement reconnus dans les territoires
Pour la 2ème table ronde, « un modèle d’entreprise aux atouts largement reconnus dans les territoires », nous avons accueillis Arnaud Viala, président du département de l’Aveyron, « Le modèle artisanal est consubstantiel à celui de l’aménagement du territoire. Mais il manque aujourd’hui une véritable stratégie nationale en la matière. » Pour lui, les TPE sont les outils les plus puissants pour structurer durablement le territoire.
Guillaume Gontard, président du groupe écologiste, alerte sur les effets destructeurs que peuvent avoir certaines politiques publiques mal calibrées : « Il faut de la stabilité, de la lisibilité. Le stop-and-go des aides nuit à la pérennité des petites entreprises. » Il appelle à la mise en place d’un certificat de conformité, pour ouvrir l’accès au marché à toutes les entreprises compétentes, au-delà du seul label RGE.
Du côté européen, Pierre Jouvet souligne un enjeu capital : l’accès aux marchés publics. « 15 % de l’économie passe par là. Mais si le critère du prix reste central, les 97 % de petites entreprises resteront exclues. Il faut donner la priorité aux critères sociaux, locaux, environnementaux. » Simplifier, oui, mais pour mieux partager.
Eric Le Devehat, élu CAPEB, insiste sur un levier essentiel pour les TPE : le seuil de 100 000 euros sans publicité. Un tremplin qu’il faut préserver pour permettre un accès plus souple et plus équitable aux marchés publics.
Enfin, Laure Vial résume l’enjeu en une phrase claire : « Les TPE du bâtiment sont des actrices de la transition énergétique, de l’emploi, du logement. Elles doivent être au cœur de l’attention des politiques publiques. »
Si l’on veut une France des territoires forte, cohérente, durable, alors il est temps de reconnaître les TPE artisanales pour ce qu’elles sont : un levier structurant de l’économie et de la société. Cela passe par la décentralisation, la simplification et un accès juste aux marchés publics.
Table ronde n°3 - Comment assurer la pérennité de ce modèle d’avenir ?
Notre troisième table ronde « comment assurer la pérennité de ce modèle d’avenir ? »regroupe trois séquences regards croisés avec trois intervenants différents.
Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France
David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po
Trois échanges, un constat commun : il faut simplifier, innover, mettre de la clarté et de la confiance dans les politiques publiques et les mécanismes économiques pour permettre à nos TPE du bâtiment d’être reconnues, entendues, écoutées et pérennes.
"On crée des usines à gaz, on pourrait faire des dispositifs simples, ", alerte Agnès Verdier-Molinié. Elle plaide pour des dispositifs lisibles et accessibles, comme la déduction fiscale des travaux sur la taxe foncière. Jean-Christophe Repon appelle, lui, à "donner aux entreprises artisanales vertueuses un accès réel au marché".
Xavier Bertrand interpelle :« La France est trop décentralisée. L’Etat au niveau central doit s’occuper des grandes décisions (régaliens) et pour le reste qu’on laisse les territoires organiser les choses. Il y aura des meilleurs dialogues." et défend une action publique fondée sur les résultats, ancrée dans les réalités locales.
David Djaïz évoque le vieillissement de la population et la nécessité d’un phasage des politiques publiques, dans la durée. Il propose un test TPE-PME pour toute nouvelle loi.
Plusieurs pistes sont partagées parmi ces leviers : les artisans sont au cœur de la vie économique et sociale de nos territoires. Pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle, simplifions, décentralisons, faisons-leur confiance.
Conclusion
Le président Jean Christophe Repon à clôturer le congrès par un discours :
« L’absence de ministre aujourd’hui nous montre que nous ne sommes pas jugés prioritaires. Comment ne pas y avoir du mépris ?
Nous avons pourtant vu toute la matinée que le modèle de l'entreprise artisanale du bâtiment est un sujet essentiel pour l'avenir. Il faut que tout le monde en ait conscience car nous sommes à un moment charnière.
Je tiens à vous témoigner de ma fierté pour le travail mené qui nous a conduit notamment à rester majoritaire sur le champ des entreprises comptant jusqu’à 10 salariés.
Nous serons encore + mobilisés, encore + structurés, encore + soudés pour être incontournables et n’hésiterons pas à engager une action d’ampleur face à la menace que représente le retour à 4 conventions collectives comme base de mesure de la représentativité patronale, qui serait inacceptable.
Le sort de nos entreprises doit être pris en considération systématiquement et personne ne peut plus ignorer les conséquences pour nos territoires, pour l’intérêt collectif de décisions qui pourraient être défavorables à nos entreprises. »