Remontée historique et retour d’activité d’avant crise sanitaire
La Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) présente les chiffres de l’activité du 2e trimestre 2021 pour les entreprises artisanales du bâtiment. L’activité de l’artisanat du bâtiment a retrouvé le niveau d’activité de 2019, le premier semestre 2021 affichant une croissance de +0 ,5 % par rapport à celui de 2019. D’un point de vue conjoncturel, le deuxième trimestre 2021 enregistre, par rapport au même trimestre de l’année précédente, une envolée de sa croissance + 37 %. Rappelons qu’au deuxième trimestre 2020, lors du premier confinement, la reprise n’avait été que partielle et graduelle. Cette croissance est boostée par l’activité en entretien-amélioration fortement dynamisée par les demandes des particuliers, notamment en amélioration de la performance énergétique des logements.
La situation économique reste toutefois encore incertaine au regard de la crise sanitaire et de l’envolée des prix des matières premières dans un contexte de pénurie. Ainsi, selon l’enquête CAPEB/XERFI, 76 % des entreprises artisanales du bâtiment déclarent une hausse des prix des matériaux et 57 % des ruptures d’approvisionnement. Une situation qui continue de provoquer des retards et des reports de chantiers.
Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB« Le contexte actuel est atypique car les chiffres en trompe l’œil sont hors normes. Une comparaison avec 2019 reste plus réaliste et fait apparaitre une croissance positive. Le secteur se porte bien malgré les freins que les commandes et les chantiers subissent : manque de main d’œuvre qualifiée et pénurie de matériaux. Soulignons que l’artisanat du bâtiment a su encore une fois démontrer sa capacité à s’adapter en mobilisant toutes ses ressources : organisation, accroissement de la productivité, adaptation du temps de travail. C’est comme cela qu’il a pu répondre à une demande liée à la fois à du rattrapage d’activité, mais aussi à une demande supplémentaire notamment exprimée par les particuliers plus désireux d’aménager leur habitat à la suite de la crise sanitaire et disposant d’une épargne disponible. Nous ferons prochainement au gouvernement des propositions pour que le secteur puisse encore faire mieux et plus. »
I) Croissance du 2e trimestre : une remontée historique
L’Artisanat du Bâtiment connait aujourd’hui un retour d’activité d’avant crise sanitaire, c’est ce qui apparait en comparant le taux de croissance du 1er semestre 2021 au regard de celui de 2019.
Activité globale dans l’artisanat du bâtiment : l’activité globale des entreprises artisanales du bâtiment enregistre une forte hausse de +37 % par rapport au même trimestre 2020. Cette forte progression s’explique par l’écart entre la forte baisse d’activité de 2020 et le rattrapage au second trimestre 2021.
Une croissance dans le neuf - Avec +30 % de croissance (contre -22 % au même trimestre de l’année précédente), la construction neuve progresse logiquement au regard de l’arrêt presque total de l’activité l’année passée à la même époque. Une conjoncture en lien avec le nombre de logements autorisés à la construction (390 600) soit +9,6 % par rapport aux douze mois précédents. Cette évolution vaut aussi bien pour le collectif (+8,4 %) que pour l’individuel (+9,3 %). A noter cependant que le redémarrage est moins marqué concernant le nombre de permis de construire délivrés (+1,3 %) par rapport aux douze mois précédents.
Une croissance dans l’ancien inédite – L’activité en entretien-rénovation enregistre un record de croissance : +42 % en comparaison avec le 2T2020 et profite du dynamisme des travaux de performance énergétique des logements qui progressent de +43 % contre -27 % au 2T2020.
Activité régionale – une hausse entre 32 % et 40 % qui concernent l’ensemble des régions – Cinq régions affichent des hausses particulièrement marquées, les Hauts-de-France, l’Occitanie (+ 40%), la Bourgogne-Franche-Comté (+39 %) et enfin la Bretagne et l’Auvergne-Rhône-Alpes (+38 %). En revanche, avec une progression de +32 % la région PACA se situe un peu en retrait de la moyenne nationale (37 %).
Emploi (en solde net) – Le dynamisme économique de l’artisanat du bâtiment a renforcé le besoin de main d’œuvre qualifiée déjà existant. 18 % des entreprises artisanales ont cherché à embaucher au 1er semestre 2021 et 14 % y sont parvenues.14 % des entreprises pensent embaucher des salariés supplémentaires (contre 4 % un an auparavant). Ainsi si le second semestre 2021 reste en croissance, la prévision d’embauche des entreprises artisanales du bâtiment de – 20 salariés peut s’estimer autour de 25 000 pour l’année 2021.
Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB« Les entreprises artisanales ont recruté ce premier semestre, pour autant, il existe encore un réel manque de main-d’œuvre qualifiée disponible. Même si cette situation ne s’apparente pas à ce jour à une pénurie, le manque de main d’œuvre qualifiée est une réelle préoccupation de nos entreprises ».
II) Pénurie des matériaux et hausse des prix : la majorité des artisans du bâtiment concernés
Depuis le début d’année, les entreprises du bâtiment font face à une forte hausse du prix des matières premières et des métaux (Acier, zinc, bois, cuivre…) ainsi qu’à de graves difficultés d’approvisionnement notamment dans les filières bois, métallique ou sur certains composants électroniques. Une situation dont les conséquences sur la rentabilité, le respect des plannings voire la tenue des chantiers est importante. C’est pourquoi la CAPEB a décidé de mener l’enquête dont voici les principaux enseignements :
• 76 % des entreprises artisanales du BTP déclarent une hausse des prix des matériaux
• 57 % d’entre eux se plaignent de ruptures d’approvisionnement
• Certains métiers sont plus touchés que d’autres : 86 % des serruriers-métalliers sont impactés contre 57 % des électriciens
Téléchargez l’étude pénurie de matériaux ici
Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB« Les entreprises, dans leur grande majorité, n’ont pas pu répercuter l’impact de la hausse des matériaux, cette situation présente une réelle menace : risque d’une baisse du chiffre d’affaires, d’un écrasement des marges, d’une réduction de leur capacité d’investissement et d’une diminution de leur rentabilité. Il est important que cette situation soit partagée par l’ensemble des acteurs de la filière, de l’amont à l’aval, il en va de la pérennité du secteur. A ce titre, la CAPEB attend beaucoup de la Médiation des entreprises. »
III) Les axes de propositions de la CAPEB
Les constats :
L’artisanat depuis la crise a fait la démonstration de sa capacité de s’adapter et de mettre en œuvre des solutions efficaces qui ont permis d’assurer, non seulement, la continuité de l’activité mais aussi d’absorber des demandes supplémentaires d’amélioration de l’habitat.
Leaders de l’entretien-rénovation des bâtiments, les entreprises artisanales ont renforcé le climat de confiance avec les clients améliorant ainsi leurs images et leurs crédibilités.
L’artisanat du bâtiment est prêt à aller plus loin dans son rôle économique pour autant qu’un certain nombre de freins soit levé et que des moyens puissent être investis dans le secteur.
D’ores et déjà, la CAPEB élabore des propositions qui seront présentées prochainement aux membres du Gouvernement.
Les axes :
La croissance économique entrainant un besoin d’emploi non satisfait dans le bâtiment, il convient d’initier les politiques suivantes :
1. la mise en place d’une mobilité intersectorielle de l’emploi afin de permettre aux salariés d’autres secteurs de rejoindre la filière bâtiment
2. la possibilité de renforcer l’accompagnement des salariés du secteur afin qu’ils poursuivent leur montée en compétences.
3. Les moyens de développer une plus grande attractivité des métiers du bâtiment et des CFA.
4. Les conditions pour revaloriser les salaires des entreprises en lien avec la mise en place dans les entreprises d’une GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences)
L’artisanat du bâtiment est en capacité de se mobiliser pour développer son modèle de « petite entreprise » et faire reconnaitre le caractère moderne et innovant des structures qu’il représente. Pour ce faire, il convient :
5. D’intégrer les besoins des TPE dans le Plan Digital actuellement en cours dans une perspective de moyen terme
6. D’accompagner les entreprises dans la transition environnementale par des mesures pragmatiques et réalistes (ex : déchets, ZFE, CEE…)
Du côté de la demande des particuliers, il convient d’obtenir
7. la stabilité des aides publiques qui contribue à leur compréhension et à leurs appropriations
8. l’élargissement de la TVA à 5,5% à l’ensemble des travaux de rénovation
Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB« L’artisanat du bâtiment a fait ses preuves, il est en mesure d’aller plus loin, si on libère, à la fois, ses capacités d’exercice tout en s’engageant à ses côtés. C’est le message que le gouvernement et toute la classe politique doivent retenir. »