Lettre ouverte aux ministres de l'Ecologie
« C’est un comble ! » par Patrick Liébus, Président de la CAPEB
Le Gouvernement actuel a depuis le début de l’année multiplié les déclarations politiques en faveur de la transition énergétique. Certains propos ministériels ont cru répondre à l’urgence climatique par des déclarations à l’emporte-pièces.
Le secteur du bâtiment sert toutes les causes de la transition énergétique, et pourtant il a été stigmatisé, cette année, par différents ministres de l’écologie, en décalage avec la réalité des entreprises du bâtiment qui se sont engagées dans les divers plans de la transition énergétique.
En février, le précédent ministre de l’écologie présentait les dispositifs de l’État couplés aux offres commerciales d’opérateurs privés, souvent extérieurs à la filière. Le ministre embarquait dans son action les slogans publicitaires racoleurs « des rénovations à 1 euro » alléchantes pour les entreprises peu scrupuleuses.
D’une part des montages abusifs n’ont pas fait l’objet de vérification. De nombreux clients ont apporté leurs témoignages, notamment les ménages modestes en situation de grande précarité énergétique, trop sensibles aux effets d’annonces trompeuses.
Et d’autre part, seuls de grands opérateurs peuvent avoir recours à des plateformes téléphoniques de commercialisation. Seuls ces grands opérateurs peuvent ensuite, à la fois, informer la clientèle, proposer une simulation de travaux ou de devis et enfin aider l’entreprise à calculer ou à cumuler l’ensemble des aides disponibles. La complexité des mesures et l’absence de campagne gouvernementale d’information ont laissé la place à ces plateformes.
Les propos récents de la ministre de la transition énergétique accusent aujourd’hui les artisans de procéder d’abord à des « véritables harcèlements téléphoniques » et puis ensuite de « mal faire le travail » auprès de clients crédules. Or appeler « 10 fois par jour » un prospect n’est pas dans les capacités des artisans. C’est bien mal connaitre la vie des entreprises artisanales où tous les salariés et le chef d’entreprise sont à la production.
Les malfaçons proviennent principalement des géants-du-1-euro qui, après avoir brassé largement, avec la neutralité bienveillante du gouvernement, sont obligés de faire appel à de la main d’œuvre sous-traitante, plus ou moins qualifiée, attirée par ces marchés d’opportunité.
Tenir de tels discours à l’encontre du secteur, c’est vraiment faire subir aux entreprises artisanales du bâtiment une quasi double peine. Elles ont été obligées de s’inscrire dans le dispositif RGE, exigeant et contraignant administrativement. De plus, parmi ces entreprises, sont exclues toutes celles qui ont une faible activité. Le Gouvernement, qui entend faire « de la politique de rénovation énergétique des bâtiments une priorité de l’acte II du quinquennat », ne devrait pas pratiquer un tel amalgame préjudiciable accusant publiquement les entreprises d’être « éco-délinquantes ».
C’est un comble !