La résine au secours du retrait gonflement des argiles
C'est un casse-tête pour nombre de Français et qui prend désormais une ampleur jusqu'alors inégalée : les dégâts causés par le phénomène désormais bien identifié de retrait-gonflement des argiles (RGA).
Selon un arrêté publié ce vendredi 8 septembre au journal officiel, un total de 1.022 communes frappées par la sécheresse en 2021 et 2022 viennent d'être reconnues en état de catastrophe naturelle. La série noire continue donc puisque 3.975 communes étaient déjà dans cette situation sur l'ensemble de l'Hexagone. Le calcul est donc aisé : près de 5.000 communes en France souffrent désormais des conséquences insidieuses de la sécheresse sur leur bâti. A terme, ce chiffre pourrait même doubler dans les années à venir. Une véritable lame de fond puisque que pas moins de 59 départements sont aujourd'hui touchés avec des dégâts principalement sur l'habitat individuel.
I. Une maison sur deux touchée en France
Lequel subit de plein fouet les conséquences de la déstabilisation des sols occasionnée par l'absence de précipitations. D'après un décompte établi par l'Agence France Presse (AFP), une maison sur deux en France serait touchée par le RGA, soit plus de dix millions d'habitations directement menacées de fissures structurelles.
Selon la fédération des assureurs, France Assureurs, le coût de la sécheresse sur les maisons individuelles a avoisiné les 2,5 milliards d'euros en 2022. Un record depuis la création du régime "catastrophes naturelles" en 1982. Toujours selon France Assureurs, le coût des indemnisations pourrait tripler dans les années qui viennent. Une enveloppe qui a pourtant déjà atteint la somme vertigineuse de 2,9 milliards d'euros sur la seule année 2022. Actuellement, entre 150.000 et 200.000 dossiers sont ouverts auprès des compagnies d'assurance pour traiter uniquement les dommages causés par la seule sécheresse de 2022.
II. La résine expansive en embuscade
Pour faire baisser la note et permettre aux résidents de ne pas perdre leur bien immobilier, deux solutions existent actuellement sur le marché : le micropieu en fondations, ou l'injection de résine dans le sol. C'est ce dernier procédé, dont le coût est bien moindre, qu'utilise l'entreprise AccesBTP qui a traité depuis sa création en 2014 quelque 3.000 chantiers. La technique consiste en une reprise en sous-œuvre avec la mise en œuvre d'une résine expansive injectée dans le sol.
Si le procédé n'est pas totalement novateur puisqu'il a originellement été développé par le pétrolier Shell pour dégeler les sols dans les pays scandinaves, reste que la PME parisienne est le seul acteur français qui la propose. Classiquement, il s'agit d'injecter sous pression un dérivé de polyuréthanne sous forme liquide à l'aide de tubes positionnés en périphérie du bâtiment. La résine va se mélanger au sol sous la maison pour récréer une assise au bâti.
III. Apporter de la portance au sol
"Le principe consiste à stabiliser les sols là où il existe une perte de matière qui entraîne l'affaissement de l'ouvrage et sa fissuration, explique Ahmed Akaaboun, président et fondateur de la société AccesBTP.Il s'agit donc d'apporter de la portance au sol avec une résine qui prend son espace tout en préservant les qualités intrinsèques du bâti. La résine ne vient pas former une couche indépendante désolidarisée du reste comme pour le polyuréthanne en isolation. Nous fabriquons une nouvelle assise faite de terre et de résine liées entre elles".
La résine est ainsi injectée jusqu'à saturation du sol et ce jusqu'à réaction de l'ouvrage. En clair, lorsqu'un mouvement de quelques mm est enregistré par les différents capteurs et le niveau laser, la pompe d'injection située dans un camion cesse d'envoyer le matériau de consolidation. L'intervention s'effectue à environ 1m de profondeur sous le niveau de la maison, avec une injection sur environ 3m de terre. Le temps des travaux est compris entre 2,5 et 5 jours selon la taille de l'ouvrage à consolider.
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