La formation continue au sein du secteur de l’artisanat du BTP en nette augmentation
La formation continue au sein du secteur de l’artisanat du BTP en nette augmentation, notamment dans les domaines de la gestion et de la prévention
La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du Bâtiment (CAPEB), la Chambre nationale de l'artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (IRIS-ST) et l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) dévoilent les résultats de la 7e édition de l’Observatoire national des formations à la prévention suivies dans les entreprises artisanales du BTP. Cette étude traite les données du FAFCEA et de Constructys qui correspondent aux actifs du BTP (chefs d’entreprise et salariés) des entreprises de moins de 20 salariés qui ont suivi une formation en 2018.Les résultats attestent d’une hausse de la formation continue dans l’artisanat du BTP (+12% versus l’année précédente) due à une forte augmentation des formations liées à la gestion (+30%) et des formations à la prévention (+21%). Cette dernière demeure, avec une part de 55%, le 1er domaine de formation, principalement grâce aux formations obligatoires à la sécurité. Les formations concernant l’électricité, la conduite d’engins, le travail en hauteur et le secourisme restent les plus suivies.
Formations dans les entreprises artisanales du BTP : la prévention à l’honneur
La prévention reste le 1er domaine de formation en 2018 : elle représente 55% des formations suivies par les actifs de l’artisanat du BTP et le nombre de stagiaires formés à la prévention (82 700 en 2018) a fortement augmenté (+21%) par rapport à 2017.
Cette hausse s’explique en partie, et pour la 2e année consécutive, par une forte augmentation des formations liées au risque électrique (+58% par rapport à 2017) : un bond notamment dû à l’obligation au 1er janvier 2018 pour les personnes travaillant à proximité de réseaux aériens et enterrés d’être formées et de détenir l’AIPR (Autorisation d’Intervention à Proximité des Réseaux).
Les autres formations obligatoires à la sécurité affichent également une hausse : +13% pour les formations liées au travail en hauteur, +12% pour les formations au secourisme ou encore +11% pour les formations liées à la conduite d’engins. Les formations liées à l’amiante augmentent légèrement de 1%. Celles liées à la gestion de la sécurité augmentent de 27% par rapport à 2017, mais les formations relatives aux opérations particulières affichent une baisse de 6%. Les formations concernant les contraintes physiques augmentent de 5% et comptabilisent 677 formations suivies. Ceci est encouragent car cette thématique constitue un enjeu important en termes d’accidentologie et de maladies professionnelles.
Justement, le rapprochement des chiffres de la sinistralité avec ceux des formations à la prévention suivies par les actifs du BTP met en évidence un écart entre la principale cause des accidents survenus et les thématiques de sécurité suivies par les professionnels. En effet, les contraintes physiques (manutentions manuelles) constituent la 1re cause d’accidents pour les professionnels du BTP (48% des 86 886 accidents déclarés) alors que la formation à ce risque reste faible (1% des formations suivies). Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent toujours la 1ère cause de maladies professionnelles pour l’ensemble des métiers du BTP (90%).
Ces résultats prouvent que la sensibilisation des entreprises artisanales doit être poursuivie sur cette thématique et que l’appropriation des bons gestes et postures des travailleurs doit être favorisée. Ces efforts ne pourront être faits sans que de nouveaux moyens de sensibilisation comme la réalité virtuelle ou la réalité augmentée ne soient proposés aux entreprises artisanales.
Formations à la prévention : une dynamique inégale selon les profils
Dans la continuité de 2017, les métiers des travaux publics, les électriciens et les couvreurs-plombiers-chauffagistes figurent en 2018 parmi les métiers les plus représentés dans les formations à la prévention au regard de leur effectif de référence. Le suivi de ces formations est en hausse pour l’ensemble des métiers du BTP avec notamment une forte augmentation pour les métiers des travaux publics, les maçons carreleurs ainsi que pour les serruriers métalliers.
De plus, comme les années précédentes, les chefs d’entreprise artisanale du BTP suivent davantage les formations techniques (65%) que les formations à la prévention (23% ; +6% versus l’année précédente), contrairement aux salariés (24% technique et 60% prévention). Un écart qui ne reflète pas l’exposition des chefs d’entreprise aux mêmes risques professionnels que leurs salariés sur chantier.
L’Observatoire montre que l’implication dans la formation dépend de certains critères, au-delà des métiers. Ainsi, tout comme les années précédentes,l ’étude montreque 98% des stagiaires formés à la prévention sont des hommes. Malgré une féminisation progressive des métiers, les femmes sont sous-représentées dans les formations à la prévention (2%). Elles représentent pourtant 8% des actifs du BTP.
Autre variable : l’âge. Les stagiaires âgés de 20 à 40 ans restent les plus impliqués dans les formations à la prévention (60%). A l’inverse la tranche d’âge « 51 ans et plus » présente un écart négatif important par rapport à sa valeur de référence (15% seulement de présence aux formations alors qu’ils représentent 29% des actifs du BTP). Le bagage de l’expérience peut être à l’origine de leur faible présence en formation à la prévention.
Enfin, les résultats de l’Observatoire attestent d’une inégale dynamique selon les régions : si la majorité des régions affiche un dynamisme quant au suivi des formations à la prévention, les régions Grand-Est, Hauts-de-France et Normandie se démarquent. À l’inverse, et comme les années précédentes, l’Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur montrent un dynamisme moins important.
Des leviers d’action pour rendre l’offre de formations adaptée aux besoins des entreprises artisanales du BTP
Les résultats de l’Observatoire ont permis d’identifier ou de valider plusieurs actions afin d’améliorer le suivi et l’impact des formations auprès des artisans du BTP :
- Permettre aux chefs d’entreprise et aux conjoints non-salariés de mieux suivre les formations à la prévention en proposant des formations faciles d’accès et adaptées à leur métier et à la taille de l’entreprise ;
- Développer des nouvelles méthodes d’animation telles que la réalité virtuelle et la réalité augmentée : les artisans sont particulièrement attirés par ces formations qui permettent d’aborder des thématiques sécurité en « condition réelle » de travail sur un chantier ou dans un atelier, et de façon plus ludique ;
- Poursuivre le développement des formations numériques et encourager les organismes de formation à développer les formations en ligne, avec, par exemple une partie théorique en ligne et une partie pratique en présentiel. Ces formations permettent aux participants de se former à leur rythme et aux entreprises de gagner du temps
Pour répondre à ces nouveaux besoins, l’OPPBTP propose des eLearning gratuits sur des thématiques chantier comme par exemple : « Le port du harnais », « Chargement des véhicules et arrimage des charges, « Utiliser un échafaudage en sécurité », « Travail à proximité de réseaux », …
Ce sont des modules courts, 15 minutes, téléchargeables pour être suivis en mode non connecté, très utile pour animer des briefings avec les compagnons.
De plus, afin d’aider les chefs d’entreprise artisanale à mieux connaître les formations obligatoires, l’IRIS-ST propose sur son site internet, via l’onglet formation, des outils d’accompagnement :
- L’outil d’auto-diagnostique en ligne qui permet d’identifier toutes les formations sécurité obligatoires pour l’exercice de son métier. À travers un questionnaire en ligne, le chef d’entreprise renseigne différentes situations de travail qui portent sur les différents thèmes de formation obligatoire et obtient, en quelques clics, la liste des formations sécurité obligatoires pour ses salariés ou pour lui-même ;
- Les fiches synthétiques pour chaque formation avec des informations sur les modalités à connaître telles que la durée, les prérequis, les objectifs ou encore le cadre règlementaire de la formation ;
- Les fiches par métier qui reprennent l’ensemble des formations obligatoires à la sécurité indispensables pour le métier concerné. À noter toutefois que ces listes sont données à titre indicatif et doivent être adaptées à l’activité et à aux conditions réelles de travail des entreprises.
- Enfin, le nouveau guide pratique sur les formations santé sécurité au travail, réalisé par la CAPEB et l’IRIS-ST, est disponible depuis le début d’année.
Patrick Liébus, président de la CAPEB et de l’IRIS-ST« Les résultats de cette nouvelle édition de l’Observatoire des formations à la prévention sont encourageants : nos artisans se forment de plus en plus ! Evidemment, des progrès sont encore à faire. Le travail de prévention au sein des entreprises artisanales du bâtiment est essentiel afin d’améliorer la sécurité sur les chantiers. Il doit se poursuivre mais aussi se renouveler : la réalité virtuelle, la réalité augmentée et les formations numériques constituent de véritables atouts pour rendre la formation plus accessible. Hélas la période de pandémie et de confinement que notre pays traverse nous incite à revoir nos positions sur ces points précis ».
Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP« Plus que jamais la formation est un vecteur de compétence et de performance dans les entreprises du BTP. Bien qu’une grande partie des formations soient des formations obligatoires leur progression est encourageante. De ce fait nous devons poursuivre nos efforts pour motiver les chefs d’entreprises artisanales à développer leur culture prévention avec une approche pragmatique et positive pour impacter leur performance globale. Le développement de nouvelles techniques de formation telles que le numériques pourront accompagner favorablement les entreprises artisanales dans le développement de cette culture de prévention. »
Françoise Despret, Présidente de la CNATP« Que la formation au sein de l’artisanat du BTP soit en nette augmentation démontre le dynamisme et la capacité de nos chefs d’entreprise à toujours se remettre en question et souhaiter progresser. Que nos artisans, souvent d’abord technicien, se forment de plus en plus dans le domaine de la gestion est rassurant car indispensable pour la pérennité de leurs structures. Saluons encore l’effort des entreprises du BTP à se former toujours plus dans le domaine de la prévention. La crise sanitaire actuelle a confirmé que pour nos artisans la sécurité de leurs salariés était en effet essentielle. La CNATP souhaite que la réforme de la formation professionnelle n’est pas de conséquences futures pour les moyens financiers mis à disposition des petites entreprises. »