La conjoncture par le Président de la CAPEB Charente sur CL'ECO
Malgré les conditions de prix et les difficultés d’approvisionnement, 68 % des entreprises artisanales du bâtiment estiment que l’activité des 6 mois à venir demeurera stable.
On estime entre -0,5 % et +0,5 % le taux de croissance de l’activité en volume dans l’artisanat du bâtiment pour 2023.
La CAPEB entend poursuivre sa forte mobilisation avec un mot d’ordre : permettre à ses 61000 entreprises adhérentes en France et 841 en Charente, de retrouver de la sérénité dans l’exercice de leur métier.
Les chiffres de l’emploi en Charente
Le Bâtiment est passé de 7500 salariés en 2010 à 6500 en 2017 pour remonter à 7100 fin 2022.
Sur 5 ans, les effectifs salariés des entreprises de Bâtiment ont augmenté d’environ 13%.
L’emploi salarié du BTP progresse de 1 % sur un an, mais on observe un ralentissement de la croissance depuis quelques mois.
Les entreprises sont moins nombreuses à avoir cherché à embaucher au second semestre cette année que l’année dernière. La moitié des entreprises ayant cherché à recruter y est parvenue.
Les intentions d’embauche diminuent encore ce semestre : 13 % des entreprises envisagent de recruter au premier semestre 2023, ce qui traduit la prudence des entreprises face à un contexte dégradé.
Une majorité d’entreprises prévoit un maintien de l’emploi à son niveau actuel au premier semestre 2023 (85 %), bien que les licenciements progressent légèrement (passant de 1 à 2 %).
À partir de scénarios d’évolution (remplacement des départs et croissance faible), le besoin annuel en collaborateurs est estimé à 450 personnes en Charente dans les métiers de production du Bâtiment.
Et l’Apprentissage en Charente ?
700 jeunes sont en formation initiale dans le Bâtiment (scolaire et apprentissage) en Charente (dont plus de 400 dans le BTP CFA de Chasseneuil sur Bonnieure).
Près de 75% des contrats d’apprentissage sont conclus par des entreprises de moins de 10 salariés.
Du côté des Entreprises :
+20 % de création d’entreprises sur un an (entre 2022 et 2021), porté par les micro-entreprises (54% des créations).
Mais, au 3e trimestre 2022, +42 % de défaillances d’entreprises ont été enregistrées dans la construction par rapport au même trimestre de l’année précédente.
L’activité progresse toujours, mais modestement
L’activité reste croissante malgré un ralentissement progressif, dynamisée par l’activité entretien rénovation, notamment les travaux d’Amélioration de la Performance énergétique des Logements.
Au quatrième trimestre 2022, le volume d’activité de l’artisanat du bâtiment progresse de 1 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. + 1,0 % en volume (+ 9,2 % en valeur)
Ces résultats sont en deçà de la tendance annuelle, qui s’établit à 2,4 %, sur les quatre derniers trimestres, ce qui traduit un ralentissement progressif de la croissance sur l’année 2022.
La croissance du marché de la rénovation (+ 1 %) est majoritairement tirée par la progression du volume de travaux d’Amélioration de Performance Énergétique du Logement (qui ralentit toutefois au dernier trimestre 2022 pour s’établir à + 2,5 %).
La région Nouvelle-Aquitaine est un peu plus performante que les autres régions du territoire, du fait d’un dynamisme lié à l’attractivité de notre département.
Le nombre de jours des carnets de commandes reste élevé
Le niveau des carnets de commandes représente 96 jours de travail au 4ème trimestre 2022 (soit 5 jours de plus qu’un an auparavant). - Moyenne de tous les métiers –
Les carnets de commandes demeurent ainsi à des niveaux élevés bien que le nombre de jours de travail à venir ait légèrement diminué tout au long de l’année 2022.
Mais le solde d’opinion devient défavorable. Les entreprises ressentent un ralentissement des commandes.
Tension sur la trésorerie qui annonce une année 2023 moins favorable
Au 4ème 2022, plus de 26% des professionnels interrogés constatent une détérioration de leurs trésoreries et 22 % des entreprises font état de besoins de trésorerie (56 % d’entre elles déclarent un besoin de trésorerie supérieur à 10000 € ; le montant moyen des besoins de trésorerie atteint 21000€).
Évolution des marges
Au 4ème trimestre 2022, 46 % des entreprises déclarent une baisse des marges, tandis que seulement 4 % déclarent une hausse.
Le solde d’opinions sur ce trimestre s’établit à - 42 points et reste en baisse par rapport au même trimestre de l’année précédente.
Prix des travaux :
Les entreprises sont contraintes de répercuter les différentes hausses qu’elles subissent, leurs marges étant sous pression en raison d’un contexte dégradé depuis près d’un an.
Sur un an, les prix des travaux d’entretien-amélioration des bâtiments augmentent de 9,9 % au troisième trimestre 2022, après + 9,2 % au trimestre précédent.
Les prix augmentent fortement, notamment dans les travaux :
- de menuiserie (+ 15 % après + 14 %),
- de plomberie, d’installation de chauffage (+ 12,% après + 13 %),
- de couverture (+ 11 % comme au deuxième trimestre).
La hausse des prix est un peu plus modérée pour les travaux de :
- revêtement des sols et des murs (+ 8 % après + 7 %),
- de plâtrerie (+ 8 % après + 9 %),
- les travaux de peinture (+ 6 % après + 5 %)
- d’installation électrique (+ 6 % après + 6 %).
Prix des matériaux :
Au troisième trimestre 2022, les entreprises artisanales du bâtiment font encore face à un contexte de prix des matériaux dégradé et observent une hausse moyenne de 26 % du prix des matériaux entre janvier et octobre 2022. La hausse des prix touche toutes les entreprises, 89 % d’entre elles déclarent répercuter cette hausse à leurs clients.
Approvisionnement :
Pour presque 80 % des entreprises, les délais d’approvisionnement et la pénurie de certains matériaux engendrent des difficultés de production et d’organisation.
La conjoncture vue par la CAPEB Charente
Suivant de très près l’évolution de l’activité de ses entreprises, la CAPEB a très tôt alerté sur les conséquences de ces hausses sur la croissance du secteur et s’est montrée force de propositions pour maintenir l’activité.
Nombre d’entre elles se sont concrétisées grâce notamment à une écoute attentive du gouvernement.
Ainsi, la CAPEB peut mettre à son actif quelques avancées :
- l’obtention de la mise en place d’un observatoire des prix des matériaux,
- la tenue des Assises du bâtiment,
- le lancement d’une mission de réflexion sur la transparence des prix pratiqués au sein de la filière du bâtiment par l'Assemblée nationale,
- le bouclier tarifaire (facture électricité) pour les entreprises de moins de 10 salariés (avec l’U2P)
- la création d'un mouvement sans précédent de solidarité économique (avec plus de 80 industriels, fournisseurs qui s’engagent à des relations économiques plus respectueuses envers les Artisans du Bâtiment).
Mais …. Des déconvenues demeurent ce qui accentue le mécontentement sur le terrain
En tant que première organisation professionnelle du Bâtiment, nous sommes en prise direct avec le terrain et les propositions que nous portons répondent directement aux besoins que nous expriment nos entreprises.
Toute l’année, nous avons alerté, interpellé sur la situation inquiétante que nous traversions.
Nos prévisions se sont révélées exactes, la croissance de notre activité n’a cessé de ralentir pour terminer sur un bilan presque atone.
Nous sommes à un tournant, nous demandons au gouvernement des actes pour simplifier le quotidien des entreprises.
Les batailles à mener pour maintenir et redresser la croissance de la filière restent nombreuses et seront au premier plan de l’action de la CAPEB.
Des propositions très concrètes sont d’ores et déjà sur la table à commencer par celles qui permettront de booster la rénovation énergétique :
- La simplification des dispositifs CEE et MaPrimeRénov’,
- L’accélération de la lutte contre la fraude des éco délinquants (aujourd’hui cela se traduit sur le terrain par un renforcement des contrôles sur les entreprises vertueuses. Ce n’est pas ce que nous demandons)
- Faciliter la mise en œuvre des Groupements Momentanés d’Entreprises pour les artisans du BTP afin de faciliter l’accès des artisans du BTP à des travaux de plus grande ampleur et répondre aux attentes des clients sur la rénovation énergétique globale,
- Généraliser la TVA à 5,5 % à l’ensemble des travaux de rénovation,
- Créer un prêt garanti "vert" en 3 clics pour financer l'investissement colossal que demande la rénovation énergétique.
Le poids de la CAPEB Charente
Pour mémoire, la CAPEB Charente est la 1ère organisation professionnelle du département avec 841 entreprises adhérentes de 0 à 45 salariés. 47 % des employeurs du bâtiment adhèrent à la CAPEB Charente.
En Charente on dénombre 3 700 entreprises du bâtiment (dont 71% sont des Artisans travaillant seuls) qui emploient 7 100 salariés.
La CAPEB, sur l’ensemble du territoire représente, pour les entreprises jusqu'à 10 salariés :
64% des entreprises syndiquées (pour 51% des salariés) et pour les entreprises de plus de 10 salariés : 19% des entreprises syndiquées (pour 10% des salariés).