Emploi et recrutement dans le secteur du bâtiment : un bilan régional contrasté
L'enquête CAPEB Pays de la Loire réalisée en février 2024 auprès de plus de 1 000 entreprises artisanales du bâtiment dresse un bilan contrasté de l'emploi et du recrutement dans le secteur. Si les besoins en recrutement restent stables en 2023, les artisans continuent de rencontrer des difficultés pour trouver des candidats, notamment dans les métiers de la couverture, de la maçonnerie et de l'électricité. Alors que l'année 2024 s'annonce incertaine, la formation, en particulier par l’apprentissage, est un enjeu crucial pour les recrutements de demain.
En 2023, les entreprises artisanales ont recruté mais...
La couverture, la maçonnerie sont les métiers qui ont le plus recruté en 2023. Cependant, ces deux secteurs, ainsi que les métiers de l'électricité, sont en difficulté pour trouver des candidats.
De manière générale, les besoins en recrutement sont en légère baisse (54% des entreprises artisanales du bâtiment souhaitaient recruter en 2023 contre 63% en 2022) et son particulièrement marqués dans les secteurs du carrelage et platerie/isolation.
Une baisse qui s’explique par une absence de besoin et non par une difficulté de recrutement et qui est à mettre en parallèle avec la rationalisation de l’activité.
Néanmoins, en termes de ratio besoin / recrutement effectif, plus d’entreprises artisanales du bâtiment ont réussi à recruter (en tout cas sur une partie de leurs postes à pourvoir) : 75% en 2023 versus 68% en 2022. On observe une nette augmentation des postes pourvus en maçonnerie en 2023 par rapport à 2022. Les actions de promotion fonctionnent et doivent perdurer : la CAPEB et les entreprises continuent de se mobiliser.
Le point sur le niveau d’activité des entreprises artisanales du bâtiment
Un niveau d’activité qui se rationalise :
- 59% des entreprises artisanales du bâtiment estiment avoir une charge de travail à l’équilibre par rapport à leur capacité de production (moyens humains et matériels). Un chiffre en augmentation par rapport à 2023 (+9 points)
- 30% sont en surcharge de travail (46% en 2023). Les métiers de la couverture (53.4% des entreprises), de la maçonnerie sont les secteurs les plus impactés par une surcharge de travail liée à leur capacité de production actuelle : un constat à mettre en parallèle avec les difficultés de recrutement exprimées par ces deux secteurs.
- 11% sont en sous-charge : un signal fort. Ce pourcentage a triplé par rapport à l’année dernière à la même époque. Les secteurs de la plâtrerie-isolation (x5) /Menuiserie-charpente (x5) / Plomberie-Chauffage (x3)sont les plus impactés. Le secteur de la plomberie-chauffage, connaissant habituellement un pic d’activité en période hivernale, est également anormalement en augmentation de sa sous charge d’activité. Il ne faut pas minimiser l’effet des annonces de réforme concernant les aides à la rénovation énergétique sur les intentions des clients d’engager des travaux ou non.
Le secteur continue de recruter bien que la tendance soit à la baisse
Malgré cette tendance à la baisse, sur les 1000 entreprises ayant répondu à l’enquête, on dénombre 465 postes à pourvoir (à 6 mois) dans la région, principalement « ouvriers ».
L'apprentissage vigilance sur les recrutements
Les perspectives de recrutement en apprentissage /alternance sont également en légère baisse (-6%) : 31% des entreprises souhaitent accueillir ou sont prêtes à accueillir un apprenti à la rentrée 2024.Une baisse plus marquée sur les secteurs carrelage/Plâtrerie-isolation.
Cependant, là encore, cela représente près de 300 entreprises qui envisagent de recruter des alternants/apprentis à la rentrée 2024. S’ajoutent à ce chiffre, plus de 80 entreprises qui, même si ce n’est pas prévu à ce jour, seraient partantes pour recruter un apprenti.
L’apprentissage et l’alternance ne sont plus des alternatives mais des choix importants
Selon notre enquête, 53% des entreprises qui recrutent souhaitent de la main d’œuvre qualifiée. Une tendance normale dans nos entreprises et l’expression d’un besoin constant.
Il faut savoir que l’apprentissage représente, pour les entreprises artisanales, le premier moyen de recrutement de leurs futurs collaborateurs.
Si cette main d’œuvre n’est pas formée aujourd’hui, elle ne sera pas qualifiée demain. Voir cette dynamique de l’apprentissage chuter serait un risque pour satisfaire les besoins en main d’œuvre qualifiée de demain.
- · Actuellement sur les 11 000 jeunes en formation initiale, les ¾ sont en apprentissage. 2/3 des apprentis sont formés dans les entreprises de moins de 10 salariés (et 90% dans les moins de 20 salariés : un vrai vivier de main d’œuvre formée pour nos entreprises (Chiffres CERC Pays de la Loire – 2022)
Former des jeunes, c’est assurer une ressource humaine à moyen terme, compétente et opérationnelle.
Quels profils sont recrutés par les entreprises ?
En 2023, 40 % des entreprises ayant recruté ont formé leurs candidats au métier. Et cela ne s’arrête pas à une actualisation des connaissances : 25% des entreprises ayant recruté ont fait le pari de former complètement au métier leur candidat.
Les secteurs de la couverture et de la plâtrerie/isolations sont les secteurs ayant le plus recruté de candidats à former.
84% des entreprises ayant formé après recrutement sont satisfaites de ce procédé et sont prêtes à réitérer.
En 2024, 47% des entreprises sont prêtes à recruter un autre profil, telles que des personnes en reconversion (pour 31%), ou des publics plus éloignés de l’emploi (pour 16%). Ce type de recrutement peut venir ponctuellement en complément des recrutements en apprentissage ou de personnes qualifiées.
En effet, pour nos entreprises, recruter n’est pas « un chiffre en plus » : c’est intégrer une personne dans une équipe. Cela demande de prendre le temps de former, d’accueillir et d’accompagner. Ainsi, ce type de recrutement ne peut se faire que si l’entreprise dispose de temps et de personnel en capacité d’accueillir et de former.
Les profils les plus en adéquation avec nos entreprises seraient les profils en reconversion professionnelle. Un type de profil qui reste difficile à atteindre.
La fiabilité des candidats, un facteur important
Apprentissage, recrutement standard, recrutement d’un profil non qualifié, quelque soit le recrutement, nos entreprises recherchent un membre d’équipe, un candidat fiable et motivé.
Il s’agit d’une des explications au fait que le bouche à oreille reste le moyen de recrutement le plus efficace et le plus plébiscité par les entreprises du bâtiment. Et ce, de loin devant les réseaux sociaux et autres sites de recrutement (65%). Un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui vient conforter un besoin de recommandation des candidats pour optimiser le recrutement de personnes motivées et compétentes.
Se mobiliser pour former et promouvoir le secteur
Pour conclure, les besoins en recrutement restent relativement stables malgré la conjoncture. L’apprentissage / l’alternance sont des leviers à conforter pour, à moyen terme, maintenir (voire accroître) le nombre de candidats dans les entreprises artisanales du bâtiment et surtout pouvoir compter sur des profils qualifiés.
Malgré le manque de visibilité sur les carnets de commande en ce début d’année 2024, les entreprises doivent continuer de se mobiliser pour former et promouvoir leur secteur afin de pouvoir recruter des profils impliqués et qualifiés.