Batimat : retour sur les conférences du Lab Prospectif by CAPEB
A l'occasion de Batimat, la CAPEB organise une série de conférences prospectives sur son espace Le Lab' prospectif by CAPEB.
Retour sur les conférences qui se sont tenues hier et aujourd'hui :
Mixité et féminisation dans l’artisanat du bâtiment : de l’ambition à la réalité
Catherine Elie, Directrice de l’Institut Supérieur des Métiers, a introduit la table ronde en évoquant quelques chiffres et informations clés sur les femmes dans l’artisanat du bâtiment :
- La part des femmes est encore limitée dans les entreprises artisanales du bâtiment, particulièrement dans les métiers de la charpente, de la couverture….
- Les femmes sont davantage qualifiées : selon une étude de l’ISM, en 2013, 51% des femmes chefs d’entreprises du bâtiment étaient diplômées du bac ou de l’enseignement supérieur (contre 34% d’hommes)
- Les femmes sont "meilleures élèves" en termes de formation technique mais également de management.
Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB, a rappelé que les femmes ont un rôle primordial à jouer dans les entreprises artisanales du bâtiment.
Christophe Bellanger, administrateur confédéral, a par ailleurs évoqué la création d'un groupe de travail dédié à la mixité dans les instances de la CAPEB.
Nathalie Bergère, conseillère à la Commission Nationale des Femmes de l'Artisanat, est également revenue sur l'action entreprise par la CAPEB afin de promouvoir l'entreprenariat au féminin.
En effet une campagne de communication rassemblant des témoignages de femmes chefs d'entreprises artisanales a été lancée en mars 2022.
Virginie Chevallier, ancienne professeur de judo et désormais cheffe d’une entreprise de peinture en Ille-et-Vilaine a apporté son témoignage sur la mixité.
Afin de s’assurer de l’équité dans le recrutement, elle a rappelé que le recrutement doit se baser sur les qualités humaines et techniques et non sur le genre. Elle a également insisté sur la nécessité de lutter contre les clichés et remarques sexistes au quotidien, notamment sur les chantiers : les clients sont parfois frileux à l’idée de recourir à des femmes artisanes.
Marie-Pierre Marie, cheffe d'entreprise a également pris la parole. Ancienne tapissière, elle s’est reconvertie dans la ouverture. A la tête d’une entreprise de couverture et a également un compte Instagram « Le couvreur est une gonzesse ».
Depuis qu’elle est dans le secteur du bâtiment, elle fait parfois face à des comportements sexistes qu’elle dénonce notamment sur son compte Instagram « Le couvreur est une gonzesse ».
« Comment faire matcher les attentes des nouvelles générations avec les besoins des entreprises ? »
Franck Le Nuellec, directeur du marketing, du développement et de l’innovation du CCCA – BTP a introduit la conférence en dressant le portrait de la génération Z.
La génération Z représente les 15-24 ans (6% de la population). Cette génération a de nouvelles aspirations : elle est demandeuse d’autonomie, de responsabilisation, d’avoir un métier qui ait du sens, de la flexibilité… C’est pourquoi les entreprises artisanales doivent être à l’écoute des besoins des jeunes et adapter leur recrutement.
Elle est également très à l’aise avec le digital, une compétence qu’elle peut apporter à l’entreprise artisanale.
Laure Vial, administratrice/cheffe de file formation à la CAPEB, et co-dirigeante d’une entreprise de plomberie – chauffage au côté de son fils apporte un éclairage sur les attentes des jeunes.
Laure Vial précise que les jeunes recherchent un équilibre personnel – professionnel, du sens et de l’éthique dans leur travail. Ils cherchent à s’épanouir. Par ailleurs, ils apportent des compétences complémentaires à l’entreprise : la recherche d’information constante et instantanée, le recours au digital. Ils sont également davantage en phase avec la clientèle de leur âge…
Pierre Thorel, auto-entrepreneur du bâtiment de 22 ans, était étudiant infirmier avant de se réorienter dans le bâtiment. Il souhaitait un travail manuel, qui ait du sens. Il partage sa passion sur son compte TikTok ainsi que son compte Instagram lapprenti2.0 qui recense 3 000 abonnés. Il est également lauréat des Trophées de l’innovation du Win Lab' du CCCA-BTP.
Il est revenu sur l’importance des réseaux sociaux pour promouvoir son métier et sa passion et susciter des vocations, notamment via les avant/après qui rencontrent du succès. Il explique également que c’est un levier pour trouver de la clientèle et des chantiers (notamment Facebook).
Enfin, c’est un levier pour encourager la mixité dans les métiers du bâtiment, avec l’apparition d’influenceuses du bâtiment.
Penser l'accessibilité des bâtiments avec les artisans
Jean-Christophe Repon a introduit la conférence en revenant sur le partenariat entre le CAPEB et la Fédération Française Handisport. La CAPEB s’est engagée depuis plusieurs années sur la question de l’accessibilité du logement pour tous notamment en portant sa propre marque Handibat, référence dans le secteur du bâtiment en matière d’accessibilité. Elle continue ainsi son engagement en faveur d'un monde inclusif.
Guislaine WesteLynck, Présidente de la Fédération Française Handisport, est revenue sur le rôle que jouent les entreprises artisanales du bâtiment dans l'accès au logement et le confort de vie des personnes handicapées.
Vincent Dejoie, chef d'une entreprise de peinture et administrateur de la CAPEB invite les entreprises artisanales du bâtiment qui souhaitent se former à l'accessibilité (formation Handibat) à se rapprocher de leurs CAPEB départementales.
Guy Tisserant, pongiste Handisport, est revenu sur l'importance de la praticité des équipements et des logements. S'il existe des normes d'accessibilité qui régissent les chantiers des logements, ceux-ci ne sont pas pour autant pratiques. Il faut réfléchir à la chaîne du déplacement de A à Z.
Jean-Christophe Repon a précisé que les comités de travail sur l'accessibilité au sein de la CAPEB sont composés d'ergothérapeutes et de personnes à mobilité réduite afin de s'assurer que le travail autour de l'accessibilité colle à la réalité des clients. Il a également insisté sur l'importance du dialogue entre clients et artisans afin de trouver des solutions personnalisées au logement.
Sofyane Mehiaoui, capitaine de l’équipe de France de basket fauteuil, a présenté le basket fauteuil. Le basket fauteuil est praticable par les mal marchant, les non marchant, les personnes ayant un handicap des membres supérieurs et l’ensemble des valides. Le jeu et l’arbitrage est le même que celui du basket-ball ordinaire. Il est également revenu sur les enjeux autour du logement : l'immeuble doit être accessible (portes, entrées...).
La table-ronde a été suivie d'une démonstration de basket fauteuil animée par Sofyane Mehiaoui.
Les TPE du bâtiment, formatrices de talents
Florence Poivey, Présidente de Worldskills France a introduit la table-ronde en rappelant le rôle de l’apprentissage. Elle a passé son enfance en Suisse, pays dans lequel de nombreux jeunes entrent sur le marché du travail par la voie de l’apprentissage. Puis elle a créé son entreprise de plasturgie en Haute-Loire, dans lequel elle a fait appel à des apprentis dans chacun de ses services.
L’apprentissage est, selon elle, un levier d’épanouissement pour le jeune et un levier de croissance collective. Grâce à la dernière loi sur formation et apprentissage, le nombre d’apprentis a significativement augmenté. Cela montre également que la voie de l’alternance est une voie d’excellence.
La table-ronde a ensuite permis d’évoquer plusieurs initiatives qui encouragent l’excellence et promeuvent les métiers du bâtiment.
Florence Poivey a présenté Worldskills France. Née dans l’après-guerre, en Espagne, cette compétition internationale permet aux jeunes apprentis de moins de 23 ans de s’affronter dans différents corps de métiers. Eric Le Dévéhat, Président des tailleurs de pierre à la CAPEB et chef d’une entreprise de taille de pierre, a ajouté que ces compétitions permettaient de travailler le geste métier, primordial dans les métiers du bâtiment.
Jean-Yves Labat, Président des plâtriers-plaquistes à la CAPEB a présenté le Challenge de l’Association pour la Promotion des Métiers du Plâtre, organisé par les acteurs de la filière plâtre – isolation, dont la CAPEB. Depuis 1995, ce Challenge a pour objectif de faire découvrir les métiers du plâtre et de l’isolation. Les collèges et établissements de formation sont invités à réaliser un ouvrage en plâtre qui est ensuite soumis à un jury d’experts. Des trophées sont ensuite décernés aux jeunes et aux établissements.
Mody Tirera, médaillé d’excellence Worldskills France en électricité lors des finales nationales de Lyon 2022, a apporté son témoignage sur sa participation à la compétition. Il a insisté sur la préparation physique et mentale nécessaire pour cette compétition et a encouragé les jeunes à s’inscrire !
Les intervenants ont donné rendez-vous aux participants à la finale mondiale de Worldskills en 2024 !
De l’intérêt de se regrouper pour mieux répondre aux marchés
Virginie Fraud, administratrice à l'ORCAB qui regroupe les coopératives d'achat des artisans du bâtiment, a introduit la table ronde.
Jérôme Marciau de l’UFCAC, Union Française des Coopératives Artisanales de Construction, a expliqué que l’intérêt des coopératives est de pouvoir répondre à des demandes spécifiques des clients tout en permettant beaucoup d’entraide et de soutien entre entreprises artisanales du bâtiment.
Michel Jarleton, vice-président de l’UNSFA, l’union des architectes, a présenté le partenariat noué avec la CAPEB en vue d’accompagner et d’aider les artisans à se regrouper.
Dans le cadre de ce partenariat, la CAPEB anime et sensibilise sur tout le territoire les artisans aux enjeux des groupements, prépare les entreprises au groupement grâce à un accompagnement méthodologique préalable à la création de la coopérative et met en relation le groupement d’artisans avec l’UFCAC.
L’UFCAC, quant à elle, apporte son expertise pour créer la coopérative artisanale (aide à la rédaction des statuts, du règlement intérieur…), propose des formations (sur la coopérative, sur le Contrat de Construction de Maison Individuelle), assure l’interface avec les assureurs et les garants et propose aux nouvelles coopératives un accompagnement de proximité grâce au « tutorat » de coopératives plus anciennes.
Il est également revenu sur l’intérêt des groupements d’entreprises dans le cadre de chantiers de rénovation énergétique notamment pour lever les réticences qui peuvent exister chez les particuliers (complexité et multiplicité des acteurs, éco-délinquants…).
Alexandre Seveney, administrateur de CINOV Ingénierie, a rappelé l’intérêt des groupements (architectes, maitres d’œuvre, artisans…) pour répondre notamment au défi de la rénovation énergétique : optimiser les gestes, travailler ensemble… Les groupements permettent également de rassurer les clients qui sont demandeurs de garanties en termes de performance énergétique.
Thierry Ravon, administrateur au sein de la CAPEB et à la tête d’une entreprise de carrelage, a rappelé que si les avantages sont nombreux pour les artisans (le point fort étant la dynamique collective sur le chantier), ils le sont également pour les clients car ils permettent de sécuriser les contrats. Il a également la sortie d'ici la fin de l'année d'une application mobile "GME 3 clics" qui permettra, grâce à un questionnaire rempli par l'artisan d'avoir accès à contrat de construction de maison individuelle personnalisé.